Kurzinfo:
|
RESUME Les rapports Apprendre à être (le Rapport Faure), publié en 1972, et L′Education : Un trésor est caché dedans (le rapport Delors), publié en 1996, commandés par l′Organisation des Nations Unies pour l′Education, la Science et la Culture (UNESCO), sont connus pour appartenir à la littérature fondamentale sur l′apprentissage tout au long de la vie. Cet article, qui s′appuie sur des sources primaires et secondaires, se concentrera sur un aspect beaucoup moins abordé de ces rapports : leurs points de vue sur le développement international. Le rapport Faure représentait une contre-perspective au discours dominant sur le développement basé sur la « modernisation », en ce sens qu′il favorisait le « développement endogène » et anticipait les revendications du Nouvel Ordre économique international, à savoir une redistribution plus équitable des ressources des pays développés vers ceux en développement. Le rapport Delors réagissait pour sa part à l′extension du néolibéralisme au domaine du développement par le biais du Consensus de Washington et critiquait les programmes d′ajustement structurel mis en œuvre par le FMI et la Banque mondiale. Les deux rapports révèlent beaucoup sur les débats et les idées contestées sur le développement, les conflits entre éducateurs et économistes sur la planification de l′éducation et la position changeante de l′UNESCO sur la scène multilatérale entre les années 1960 et 1990. L′auteur soutient que les deux rapports ont pris part à la lutte portant sur la « gouvernance mondiale » dans l′éducation pour le développement et ont échoué à affirmer leurs visions du monde contre de puissantes contre-idéologies promues par des organisations concurrentes telles que la Banque mondiale. ABSTRACT The reports Learning to be (the Faure report), published in 1972, and Learning: The treasure within (the Delors report), published in 1996, commissioned by the United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO), are known to belong to the foundational literature on lifelong learning. This paper, which draws on primary and secondary sources, will focus on a much lesser known aspect of these reports: their views on international development. The Faure report represented a counter perspective to the dominant development discourse based on ″modernization″, in that it favoured ″endogenous development″ and anticipated the claims of the New International Economic Order (NIEO) that called for fairer redistribution of resources from developed to developing countries. The Delors report reacted to the extension of neoliberalism to the field of development through the Washington Consensus and criticized the structural adjustment programs implemented by the IMF and the World Bank. Both reports reveal a great deal about the debates and contested ideas on development, the conflicts between educators and economists over educational planning and the shifting position of UNESCO in the multilateral arena between the 1960s and the 1990s. The author argues that both reports got entangled in the struggle over ″global governance″ in education for development and proved unsuccessful in asserting their worldviews against powerful counter-ideologies promoted by competing organizations such as the World Bank.
|